Cette maison est un ancien pavillon d’une exposition universelle

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Les panneaux de céramique d’une maison située à La Garenne-Colombes (92) intriguent un passant. Se renseignant auprès d’une experte, il apprend qu’il s’agit d’un ancien pavillon de l’exposition universelle de Paris de 1889.

Il a été l’un des voisins de la Tour Eiffel lors de l’exposition universelle de Paris de 1889. Aujourd’hui, c’est un petit pavillon qui passe inaperçu en région parisienne. C’est par un pur hasard qu’un habitant de Courbevoie (92) l’a retrouvé à La Garenne-Colombes (92). «Je passais dans la rue à vélo et j’ai pris des photos en me disant “Tiens, il a des céramiques sympas», raconte Philippe Le Port, cité par Le Parisien-Aujourd’hui-en-France.

Il envoie les clichés à une experte et passionnée par la céramique architecturale. «Le style du motif de la faïence exclue l’exposition de 1900 car il ne comporte pas d’art nouveau, explique Françoise Mary. Sur le cadastre à La Garenne, l’emplacement était inoccupé avant 1892. La présence du bonnet phrygien faisait pencher pour celle de 1889, centenaire de la Révolution française.

L’inscription «Haïti» au milieu des panneaux de céramique intrigue l’experte car aucun pavillon de Haïti sur les comptes rendus d’époque. L’explication est la suivante: le pavillon a bien été commandé et construit pour Haïti en 1889 . «Le pavillon de Haïti était achevé au Champ-de-Mars et les objets destinés à la garnir et à y être exposés, réunis au Port-au-Prince et prêts à embarquer, lorsque survinrent les événements qui amenèrent la chute du président Salomon et bouleversèrent pendant plus de 18 mois le pays», écrit l’écrivain Émile Monod, auteur de «L’exposition universelle de 1889».

Le gouvernement haïtien décida de vendre le pavillon au Royaume d’Hawaï avant l’ouverture de l’exposition universelle en 1889. La cession s’est sans doute faite très rapidement car, sur l’un des plans d’ensemble de l’exposition, apparaît le cartouche «Haïti» (emplacement 19) et non «Hawaï» pour le petit pavillon sur l’avenue de Suffren, entre les pavillons du Guatemala et indien. Hawaï a tout juste eu le temps (voir ci-dessous) de camoufler les bonnets phrygiens - Hawaï est un royaume - et d’ajouter les armes du pays.

À la fin de l’exposition universelle, le pavillon a été démonté puis reconstruit et transformé en habitation privée à La Garenne Colombes. Le panneau en céramique nettoyé indique de nouveau «Haïti». Quant aux armes d’Hawaï, elles ont disparu. Françoise Mary n’a, pour l’heure, pas encore réussi à savoir pourquoi le propriétaire de l’époque, un marchand de bois devenu laitier, a redonné au pavillon une identité haïtienne.

Acquise dans les années 70 par les Petits Frères des Pauvres, la maison a été vendue trois ans plus tard au propriétaire actuel qui «aspire à continuer à y vivre tranquillement», explique Philippe Le Port. Le pavillon n’est même pas listé dans les vestiges des Expositions universelles à Paris et en Ile-de-France. «Nous voulons faire connaître ce bâtiment historique à un maximum de monde pour le protéger et éviter qu’un jour, il puisse être rasé par un promoteur», conclut-il. C’est pourquoi il a créé une page Wikipédia dédiée au pavillon de Haïti-Hawaï et a signalé l’existence du pavillon à la direction des Bâtiments de France.